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Construire un projet pédagogique pour un centre de loisirs maternel sans hébergement

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Qu’est ce qu’un centre de loisirs sans hébergement ?
Un centre c’est une collectivité. Au delà de l’aspect pratique de l’accueil collectif, nous croyons que ce type d’accueil peut être un plus dans l’éducation, dans le développement de la personne, en particulier sur le plan social. Cependant, l’accueil en collectivité ne peut répondre à cet objectif que s’il prend en compte l’individu dans toutes ses dimensions y compris dans son caractère d’unicité.

La collectivité peut paraître difficile lorsque l’on parle de jeunes enfants tant l’individualité est exacerbée par des compétences encore fragiles dans les relations sociales, l’autonomie affective et matérielle.
Notre tâche sera d’autant plus complexe que la collectivité dont nous parlons évolue dans ses dimensions humaines entre 100 et 40 enfants, entre 25 et 15 adultes, dans des espaces intérieurs et extérieurs, tout aussi impressionnants que le nombre. Ces éléments sont de toute évidence à une échelle tout à fait démesurée pour un individu de cet âge.
À propos de cet aspect de l’accueil nous vous proposons de développer des modalités avec comme fil conducteur : la prise en compte des besoins et intérêts spécifiques à chaque enfant.

Un centre de loisirs

En sociologie on parle, pour les adultes, de temps libre pour le loisir et de temps contraint pour le travail. On ne pense que très peu à en faire de même pour les enfants.
Pourtant l’école n’exerce-t-elle pas, aux côté de la famille parfois, des contraintes similaires sur l’enfant ?

Rythme de vie inadéquat ?

  • Puis-je me reposer après le déjeuner ?
  • Puis-je courir lorsque j’ai besoin de jouer au cow-boy ?

Rythme des acquisitions peu pris en compte ?

  • Puis-je apprendre à couper ma viande lorsque je suis prêt et que j’en ai l’envie ou dois-je attendre qu’un adulte décide que je peux le faire ?

Choix des activités par l’enfant ?

  • Vais-je au coin peinture parce qu’il est l’heure ou parce que j’ai quelque chose à y faire ?
  • C’est l’heure de la psychomotricité !
  • C’est le jour de la piscine !

Nous voudrions alors proposer un centre de loisirs qui soit réellement de loisirs, c’est à dire où un enfant pourrait retrouver :

  • le plaisir de vivre,
  • le plaisir de faire ou ne pas faire telle ou telle activité parce qu’il en a décidé ainsi,
  • le plaisir de vivre ses projets et non pas exclusivement ceux que l’adulte à décidé bons pour lui,
  • le plaisir de vivre son corps selon ses possibilités, ses envies et non pas parce que les « savoirs » de tel ou tel adulte disent que c’est l’heure de..., l’âge de...

Notre fil conducteur sera à propos de cette notion de loisir : que l’enfant puisse bénéficier de loisirs éducatifs lui permettant d’évoluer vers une autonomie à sa mesure, dans ses choix et dans l’expression de ses envies.

Un centre de loisirs sans hébergement

Certes, sur le plan affectif, « coucher à la maison » rend beaucoup plus supportable le départ de la famille, à condition tout de même de travailler aussi scrupuleusement que les autres aspects du séjour ces multiples séparations : la famille le matin, les copains, le soir. Certes, les rites d’arrivée et de départ permettent de rythmer un journée et de se repérer dans le temps. Pour cela il faut organiser avec rigueur ces moments (prise en compte de la fatigue, des difficultés affectives).
Certes, pour une famille, il est probablement plus facile de ne pas se sentir coupable d’abandon en confiant son enfant pour une journée plutôt que pour un mois.
Cependant, pour confier son petit à d’autres, il faut avoir confiance et ça, ça ne se fait pas si simplement ; pour ne pas abandonner, il faut s’être préparé, avoir préparé l’enfant. Tous ces sentiments, pour le moins complexes, ne se mettent pas en place spontanément à l’inscription au séjour aussi nous faudra-t-il aider les familles comme les enfants.
Une journée en CLSH peut ressembler, en pire parfois, à une journée d’école si nous n’y prenons garde. Le réveil peut avoir lieu plus tôt encore que pendant l’année scolaire. Le trajet peut être plus long et plus fatiguant. L’estomac peut être vide plus tôt, ce qui perturbe aussi l’attention et la bonne humeur. Un retour encore plus tardif le soir limitera encore les relations avec son papa et sa maman alors que cela pourrait être l’avantage du CLSH.

L’organisation des adultes et des enfants

Comme nous l’avons vu la taille du centre nécessite des aménagements rigoureux tant sur le plan humain que spatial.
À 4, 5 ou 6 ans, on a besoin de relations privilégiées avec un adulte et un petit nombre d’enfants. Ce n’est qu’à partir d’un « petit groupe » à son échelle, sécurisant, intime, où chacun est reconnu en tant que personne, que chaque enfant pourra, s’il le souhaite, aller à la rencontre d’autres enfants et d’autres adultes. Ces autres adultes et enfants plus nombreux forment le « grand groupe ».

  • adultes suffisamment nombreux pour offrir plus de richesse, en particulier dans les activités, sans pour autant « noyer » l’enfant dans une quantité de relations différentes où les repères sont difficiles,
  • enfants suffisamment nombreux pour varier les « copinages » sans pour autant se sentir perdu dans la masse.

Pour les adultes, connaître chaque enfant dont il a la charge doit être un objectif.

Connaître signifie la possibilité d’échanger sincèrement avec la famille et l’enfant, la possibilité de comprendre, décoder un maximum de langages de cet enfant (ce qu’il dit mais aussi ce qu’il communique avec ses actes, avec ses attitudes...), la possibilité donc d’adapter ses réponses à chaque enfant en fonction de qui il est vraiment.
Cela ne peut se faire qu’avec un petit nombre d’enfants. La connaissance des enfants de notre « petit groupe » peut être enrichie par le regard d’autres adultes et notre regard peut aider d’autres animateurs.
Ce travail d’équipe n’est possible et efficace que si nous ne devons être attentifs qu’à un nombre restreint d’enfants et que si nous ne travaillons étroitement qu’avec un petit nombre d’adultes.

D’autre part, tant au sein du « petit groupe » qu’au sein du « grand groupe » il est plus judicieux de regrouper les enfants d’âges homogènes ayant des besoins, des intérêts, des rythmes de vie relativement proche facilitant ainsi la vie collective, la mise en place de la vie du groupe (les règles, les moyens matériels...).
C’est à partir de ces éléments que nous nous proposons d’organiser le collectif en groupe d’âges homogènes d’une vingtaine d’enfants et de quatre animateurs. C’est ce que nous appellerons les grands groupes. Chaque grand groupe est composé de quatre petits groupes (cinq enfants et un animateur).
Ces petits groupes sont fixes à certains moments de la journée, en particulier ceux délicats sur le plan affectif : accueil, repos, départ. Certains aspects du séjour : relations avec les familles, linge... sont aussi gérés au sein du petit groupe.
Les activités sont plutôt mises en place à l’échelle du grand groupe. L’unité de travail prioritaire est la grand groupe.

Le travail des adultes : profil possible de l’équipe d’animateurs

Le principe de recrutement au CLSH maternel est d’un animateur pour cinq enfants. Si l’effectif varie entre 100 et 40 enfants, l’effectif d’animateurs varie entre 20 et 8, et le nombre de grands groupes entre 5 et 2. Nous prévoyons alors un recrutement équilibrant le nombre de stagiaires et de diplômés sur la base d’un stagiaire pour deux diplômés mais en tenant compte et de la variation des effectifs et de la durée minimum pour la validation du stage pratique.
Le recrutement se fait au fil des inscriptions. Les stagiaires, comme les diplômés, formés spécifiquement à l’animation auprès de jeunes enfants seront prioritaires. Tout-e candidat-e à l’embauche rencontre l’équipe de direction qui est seule maître de l’embauche sur la base de ce projet.

Les équipes de direction

Comme pour les animateurs, l’équipe de direction est recrutée parmi les personnes formée, choisies par le/la directeur-trice sur la base de ce projet.
Les équipes des deux mois travaillent en étroite collaboration et établissent des relations de coopération avec les équipes du centre de vacances à la semaine (aménagement des espaces extérieurs par exemple).
Si pour un effectif variant entre 100 et 60 le profil d’une équipe à quatre nous semble convenir, pour un effectif entre 60 et 40, trois personnes nous semblent suffire

L’équipe de service et de cuisine

Deux personnes en cuisine constituent un minimum. Pour ce ce qui est de l’équipe de service, elle est à négocier en fonction des locaux. Leur nombre ne varie cependant pas autant que celui des animateurs en fonction de celui des enfants. Leurs horaires devront être étudiés en fonction du projet auquel ils seront associés dès la phase d’élaboration.

Le travail d’équipe

L’équipe peut avoir des instances de travail collectif ou des travail par grands groupes (l’équipe de service/cuisine représentant l’équivalent d’un grand groupe).

Les instance de travail collectif
C’est tout d’abord l’élaboration du projet pédagogique, première étape de la préparation du séjour, étape de signature du contrat de travail, préparation de la rencontre avec les familles et les enfants.
Elle aura lieu fin mai/début juin, pour les deux équipes et durera au moins un week-end (rémunéré au moins une journée).
La deuxième étape, le week-end précédant l’arrivée des enfants est un moment de mise au point de dernière minute, d’aménagement et installations. Une partie des aménagements pourrait avoir lieu avant et en collaboration entre les deux équipes.
En cours de séjour, deux ou trois rencontres hebdomadaires semblent nécessaires pour le collectif (au moins une d’entre-elles pour l’ensemble des adultes). Ces collectifs peuvent avoir pour objet des évaluations et des réajustements du projet pédagogique, de la coordination, de la formation.
Enfin, au-delà des rangements un bilan du séjour peut avoir lieu y compris avec les familles et l’organisateur.

Instances de travail du grand groupe
L’équipe de direction organise son travail de manière à être dans ces instances qui devront être quotidiennes.
Ces réunions ont pour objet le bilan de la journée, l’échange pour une meilleure connaissance de chaque enfant du groupe, la préparation y compris matérielle de la journée du lendemain. Elles sont également le lieu privilégié de formation, en particulier de stagiaires, l’instance indispensable de travail concret, vrai, entre animateurs et direction.
En conséquence, il nous paraît intéressant d’envisager le logement du personnel éducatif à Theix.

Les activités de vie quotidienne

Pour de jeunes enfants la vie quotidienne est activité, source d’apprentissages, de développement de ses compétences, donc d’éducation.
De plus, ces activités rituelles participent à rythmer la journée, contribuant ainsi à aider l’enfant à se repérer dans le temps, ce qui n’est pas chose acquise de cet âge.
Il est donc important pour l’équipe d’organiser finement ces moments dans le double objectif de :

  • rituels pour un meilleur repérage dans le temps,
  • accompagnement de l’enfant par l’adulte vers une prise en charge croissante de sa vie quotidienne donc vers une accession à une autonomie à sa mesure.

Tout ceci étant, bien sûr, source de plaisir :

  • plaisir de faire seul « comme un grand »,
  • plaisir d’être reconnu dans ses compétences (par l’animateur mais aussi quel plaisir de pouvoir montrer à sa famille qu’à présent on sait lacer ses chaussures seul !...).

Nous allons dans ce chapitre développer nos propositions quant aux repas, à l’hygiène, à la santé, au linge, au repos.

Les repas

Les repas, leur qualité, contribuent à un bon déroulement de la journée.

La collation :
Sachant que trop d’enfants petit-déjeunent peu ou mal, que tous petit-déjeunent tôt, il nous paraît indispensable de prévoir une collation/accueil.
Cet en-cas permet de combler la lacune du petit-déjeuner trop réduit, dommageable pour la reprise d’énergie après une nuit de jeûne, mais aussi est un moment chaleureux de reprise de contact avec les enfants de son groupe, les animateurs et les lieux, un moment d’échanges, voir de présentation de la demi-journée. Pour cela, il nous faut travailler :

  • les contenus de cette collation, véritable repas intervenant dans l’équilibre alimentaire journalier. Pourraient naître alors, entre autres, des situations d’apprentissages au choix (du lait ou du chocolat ?), d’apprentissages techniques (je coupe mon fromage seul maintenant !), des situations de négociation (il reste une pêche et un pomme, nous sommes deux à vouloir la pêche...), des situations similaires aux tâches ménagères (responsabilité du débarrassage de mon bol, je nettoie ma table...),
  • les espaces dans lesquels ils auront lieu : un espace/territoire du grand groupe nous semble souhaitable tant pour la sécurisation affective que pour le repérage dans l’espace,
  • le rôle des adultes selon leur statut pendant ce moment, en fonction de chaque enfant (ses habitudes alimentaires, le fait qu’il ait ou non petit-déjeuné, le fait qu’il soit ou non parti le cœur gros de la maison...)

Le déjeuner :
Plus sur le plan de la fatigue que sur le plan de l’équilibre alimentaire, il nous semble important que le déjeuner ne soit pas trop tard dans la matinée (vers 11h30).
Le menu du déjeuner est étudié en fonction de la collation de 9h et du menu du goûter.
Un travail est fait sur le plan nutritionnel, sur le plan de l’éducation du goût, sur le plan des conditions matérielles.
C’est à dire qu’au-delà de l’équilibre alimentaire, les menus tiennent compte :

  • de l’introduction progressive de mets nouveaux,
  • de la difficulté de manipulation, ni viandes hachées systématiquement qui ne seraient source d’aucun apprentissage, ni truites ou cailles rôties qui nécessiteraient des apprentissages inaccessibles pour les plus petits,
  • des apprentissages du même type que ceux cités pour la collation,
  • de l’aménagement de la salle à manger : l’utilisation des extérieurs de manière à éviter les concentrations d’enfants et donc le bruit toujours source de fatigue et d’énervement, l’aménagement de points d’eau, de pain, de débarrassage, de manière à associer au maximum les enfants au déroulement du repas (prise de responsabilités, relations avec l’équipe de service...),
  • de la durée du repas : rester à table trop longtemps est générateur d’énervement, d’autant plus si on est fatigué, nombreux et que tous ces éléments nous rappellent avec tristesse l’absence de papa et maman.

Le goûter :
Il contribue, comme la collation et le déjeuner, à l’équilibre alimentaire, aux apprentissages de toute nature. De plus il permet une autre coupure rituelle annonçant vers 15h30, le début de la dernière phase de la journée.

L’hygiène

Les différentes activités de la journée s’enchaînent, repas ou manipulation de matières ou d’outils, elles nécessitent une phase de transition qu’est la toilette.

Phase utile pour la structuration dans le temps, pour le repos, mais aussi pour des apprentissages techniques et de son corps. La toilette, qu’elle soit seulement des mains ou qu’elle soit de l’ensemble du corps est source de plaisir. Pour cela bien sûr les aménagements matériels sont nécessaires (hauteur des lavabos, rangement des gants et serviettes, du savon...). Il nous faudra aussi travailler le savoir-être de l’animateur : comment puis-je apprendre à l’enfant à se laver sans prendre le gant et faire à sa place mais en l’accompagnant pour qu’il fasse lui-même ?

L’hygiène, c’est aussi, à cet âge, être accompagné pour aller aux WC, peut-être même pour certains enfants il faudra sécuriser, s’adapter car en effet il n’est pas rare de manifester ses inquiétudes par une rétention de ses selles ou le contraire.

Au cours du repos de l’après-midi, voire même en cours de journée, il est possible que certains enfants fassent pipi dans leur culotte. Les adultes devront travailler leur savoir-être pour pouvoir prendre en charge cet aspect de la vie quotidienne : rendre supportable par l’enfant cet événement, être attentif tant à sa réaction qu’à celles des autres enfants du groupe, accompagner l’enfant dans une toilette cette fois plus complète (douche), dans le change du lit ou de ses vêtements...

Le linge

Il nous faudra mettre en place un système satisfaisant pour tous gérer les changes des enfants (affaires souillées, mouillées lors d’une activité...).
Préparer un sac par jour peut être lourd pour une famille, le contrôler chaque soir ne l’est pas moins pour un animateur. Prévoir un « trousseau » pour la semaine pose d’autres types de problèmes (inventaires, lieux de stockage, gestion journalière...).

La santé

Le CLSH étant pour certaines familles avant tout un mode de garde, il est possible qu’une « maladie » pose problème à celle-ci. Cependant, la structure, les locaux, le personnel ne permettent pas au centre d’accueillir les enfants malades.
Il nous faudra donc être vigilants quant à l’état de chaque enfant le matin : une journée passée au centre dans un état de fébrilité, fatigué, grognon, n’est source de plaisir ni pour l’enfant, ni pour les autres enfants du groupe, ni pour les adultes.

  • Les traitements médicaux : nous devrons mettre en place une organisation rigoureuse mais souple permettant de gérer cet aspect de la santé.
  • Les petits bobos : un stock de produit de base permettant la constitution de trousses à pharmacie, si possible une par adulte.
  • Les petits pleurs sont souvent manifestations d’un besoin d’attention particulière, en ceci il est important que chaque adulte soit sensibilisé et à l’écoute de cette demande plus ou moins cachée qu’exprime ainsi l’enfant. L’adulte privilégié, celui du petit groupe, devrait être le mieux placé pour la comprendre et y répondre.
  • Le soleil, la chaleur, deux éléments à ne pas oublier en ces mois d’été dans l’organisation des activités (dans des lieux ombragés, nécessitant des dépenses physiques différentes selon les heures de la journée...) ; dans les apports d’eau fréquents au cours de la journée (à 9h à Theix il peut faire frais, puis à 11h très chaud...), le port du chapeau peut être indispensable à certains moments.

Le repos

Le besoin de repos est influencé bien sûr par des caractères propres à chacun, mais aussi par des facteurs climatiques, des facteurs liés à l’effort que l’on fournit en agissant, aux grandes étapes de la journée (le déjeuner par exemple).

Prise en compte des caractères communs au plus grand nombre.
Même s’il y a des variations quant à la durée, la qualité, les conditions affectives et matérielles nécessaires, des constantes existent pour tout un chacun quant à la nécessité de se reposer après le déjeuner. Aussi nous tenons à mettre en place des conditions affectives et matérielles permettant à chaque enfant de se reposer, jusqu’au sommeil éventuellement, le temps qu’il faut, après le déjeuner. C’est-à-dire :

  • que chaque animateur accompagne son groupe d’enfants dans un lieu aménagé pour cette activité,
  • que chaque enfant se met au lit dans ses conditions favorites pour l’endormissement (avec son nounours, avec son bisou, sous son drap ou sa couverture, en pyjama ou en sous-vêtement, avec une histoire...)
  • que l’animateur a travaillé son savoir-être pour accompagner au mieux l’enfant vers le calme qui lui permet de trouver le sommeil,
  • qu’après un temps suffisant de repos favorisant le sommeil (environ une demi-heure) les enfants ne dormant pas ne restent pas à s’énerver dans ce lieu en attendant les petits copains (voire en les réveillant) mais peuvent rejoindre individuellement d’autres espaces prévus pour les accueillir et leur offrir des activités calmes jusqu’au lever des autres.

Cela nécessite en dehors du travail sur le savoir-être de l’animateur, une organisation matérielle exigeante et une coordination des adultes rigoureuse. Nous considérons, cependant, ce « tribu » (ce n’est pas un temps de repos pour les adultes !) comme condition nécessaire à la réussite de ce moment crucial de la journée, réussite elle-même indispensable au bon déroulement de la journée et au retour dans de bonnes conditions à la maison.

Prise en compte des caractères plus individuels :
Au-delà de ce moment que, volontairement nous n’avons pas voulu nommer « sieste » eu égard aux connotations condamnables souvent associées à ce terme (caractère obligatoire, punitif, maladif …), un enfant peut avoir à tout autre moment de la journée un « coup de pompe », une envie d’isolement.
Aussi, avec pour ce besoin-là comme pour tous les autres, le souci que chaque enfant puisse évoluer vers une prise en charge de sa propre vie, nous souhaitons aménager des espaces chaleureux de « pause » où, à n’importe quel moment, un enfant pourra s’isoler, se reposer, ne rien faire...

Les espaces – l’espace

Réfléchir à l’espace, aux espaces, c’est prendre en compte cet élément comme déterminant dans le développement de l’individu.
Nous les voulons :

  • permettant à l’enfant de se sentir bien,
  • lui offrant des repères, indispensables pour sa sécurité et son développement autonome,
  • suscitant des envies, donc des activités facilitées par une accession aux matériaux et matériels rangés de telle manière que chacun puisse se les approprier de façon autonome et en toute sécurité.

Des lieux agréables

Ce seront des espaces :

  • où le mobilier sera à hauteur des enfants,
  • où les couleurs, les décorations, les odeurs seront attirantes, gaies,
  • où les adultes seront suffisamment bien pour être disponibles aux enfants,
  • où, bien sûr les enfants pourront trouver des intérêts,
  • sans oublier la richesse naturelle du parc, que nous pourront encore améliorer, adapter par des aménagements.

C’est à dire que malgré la vétusté des locaux que nous devons, par des aménagements appropriés, tentures, peintures, coussins, peluches... à l’intérieur ; éléments à grimper, se cacher, glisser... à l’extérieur, transformer les lieux en « nid douillet » et riche. Quoi de plus douillet qu’un lieu que l’on a aménagé soi-même (les adultes du grand groupe au début, puis les enfants eux-même), où l’on retrouve chaque jour un peu de son histoire de la veille, un lieu à soi, un territoire qui retrace notre intimité, notre identité de groupe.
Ce territoire-repère ne peut pas être l’ensemble des locaux ou du parc, mais plutôt des petites portions de ceux-ci, bien identifiés comme étant les espaces de tel ou tel groupe. En effet, peut-on partager l’intimité avec 30, 60, 90 autres personnes ?

Les repères

Un aménagement, un fonctionnement quotidien, qui permettent aux enfants de dire : « ce territoire qui nous appartient, nous le groupe des 4 ans, nous le connaissons bien. Nous savons nous y rendre, même seuls, lorsque nous descendons du car. Nous savons comment aller d’ici aux sanitaires ou à la salle à manger sans avoir besoin de l’animateur. Je sais que c’est toujours là, le matin que je dépose mon « nain-nain » dont j’ai besoin pour me consoler après cette piqûre de moustique. Je peux, même si mon groupe est en train de jouer à l’eau, aller m’y reposer 5 minutes dans le coin dodo ».
Un aménagement, donc, qui permette à chaque enfant d’acquérir très vite des repères, une autonomie de déplacement dans le centre, sécurisant pour lui comme pour les adultes.
Bien sûr pour cela il n’y a pas que les aménagements des lieux, les enfants ont aussi besoin d’aide, de règles d’utilisation de ces lieux. Il faut les accompagner au début, leur expliquer, verbaliser, peut-être même flécher, colorier, symboliser... Tout cela représente un travail important des adultes, avant et pendant le séjour, mais permet aussi, dans ce cadre, une liberté d’action aux uns et aux autres, fort appréciable.

Des espaces pour faire naître des envies

Que j’ai 5, 15 ou 30 ans, je ne suis jamais imperméable à ce qui m’entoure, ce que je vois et, ce que je rencontre me donne envie de..., l’idée de...
Plus l’individu est jeune, plus il a de choses à découvrir, plus il a soif d’apprendre, plus il est curieux. Notre rôle est, par l’enrichissement de cet environnement d’offrir un maximum de situations à explorer, un maximum de matériaux, de matières, de phénomènes à expérimenter. L’enfant découvre la vie, découvre les relations entre les hommes, entre les choses... Tout cela est complexe pour lui.

Au-delà des expériences que nous pouvons lui offrir nous devons savoir qu’il lui faut jouer et rejouer sa perception du monde, il lui faut confronter son imaginaire à la réalité. Nous devons lui offrir la possibilité de vivre, d’agir ses représentations de cette complexité (par exemple en jouant au docteur l’enfant s’aide à comprendre et à accepter la visite médicale ou l’hospitalisation).

Nous devons alors penser :

  • des lieux pour agir avec l’accompagnement, l’aide de l’adulte : ce sont les activités animées (par exemple la transformation de matériaux tels que le bois, les aliments, les pâtes à modeler...ou encore la rencontre avec le milieu naturel : sa flore, sa faune...) ;
  • des lieux pour agir seul, c’est ce que nous appelons les activités autonomes. Ce sont tous les lieux aménagés pour les activités de « faire semblant » (poupées, marchande, docteur...). Ce sont les jeux de manipulation de matières ne nécessitant pas d’outillage ou de technique particulière (eau, sable, jeux de construction...). Ce sont les jeux moteurs (grimper, ramper, sauter...).

Les activités

À travers l’activité, l’agir, l’enfant doit pouvoir se construire, faire des découvertes, des expériences tant sur le plan matériel que relationnel. Pour profiter pleinement d’une activité il est important que l’enfant y trouve du plaisir.
Quoi de mieux pour prendre du plaisir en faisant que d’avoir décidé ce que l’on allait faire ? Ainsi, que ce soit pour les activité autonomes ou des activités animées nous organiserons la vie au centre de manière à ce que les enfants puissent faire ce qu’ils ont décidé, ce dont ils ont envie.
Bien-sûr, les adultes pourront faire des propositions aux enfants (action directe), mais ils pourront aussi susciter telle ou telle activité (action indirecte). La difficulté étant de répondre à tous et à chacun nous pensons qu’au-delà des actions directes ou indirectes des adultes, il faut encourager et développer en chaque animateur la compétence d’écoute, d’observation des enfants. En effet, les enfants dans leurs mots comme dans leurs gestes expriment des demandes. Nous devons également réfléchir d’une part aux présentations de nos propositions d’adultes pour que les enfants choisissent réellement, d’autre part à des moments plus ou moins formels où des envies peuvent être exprimées : un moment que l’on pourrait appeler « réunion d’enfants » même si l’image que l’on peut avoir des réunions n’est certainement pas transposable sans adaptation aux âges des enfants que nous accueillons.

Une idée nous semble à retenir de nos expériences antérieures, à savoir qu’un enfant qui part du CLSH le soir avec une idée de ce qu’il fera le lendemain, un projet, reviendra avec beaucoup plus de plaisir, d’enthousiasme le lendemain.
Au-delà des envies des enfants certains « passages obligés » aident à l’organisation des journées : les repas, les temps de repos. Nous devons également articuler les différents moments en alternant les activités « fatiguantes » et celles lus calmes (nous ne proposons pas un grand jeu dans les bois, un repas trappeur et une promenade au ruisseau le même jour !).

À partir de tout cela, il est difficile de faire une liste des activités puisque celles proposées par les enfants seront prioritaires.
Toutefois, nous pouvons lister celles que nous avons envie d’impulser :

  • des activités de jardinage,
  • des activités autour des animaux : ceux du parc, mais aussi ceux de la ferme, ou encore ceux du centre : poneys, lapins, volailles,
  • des activités de transformation de matières avec ou sans outils : bois, polystyrène, cuisine, terre, feu, air...
  • des activités de manipulation : eau, sable, pâte à modeler...
  • des activités d’expression de son imaginaire : dessin, peinture, jeux de « faire semblant », grand jeu, histoires...
  • des activités de construction : Légos, ou de destruction : démontage de vieux appareils,
  • des jeux sonores : avec la voix, avec des instruments,
  • des jeux de société traditionnels, jeux à règles.

Les rythmes de vie

Nous avons développé précédemment nos propositions quant aux rythmes alimentaires, aux rythmes de repos et sommeil ainsi que par rapport aux dépenses d’énergie dans les activités.
Nous devrons évaluer, au cours du séjour, l’adéquation de ces propositions et les réajuster au fil du temps en fonction des enfants. Ces réajustements seront très certainement nécessaires, les enfants de réadaptant progressivement à un rythme biologique qui leur est propre, bien différent du rythme scolaire.

Les relations avec les parents

Avant de développer quelques propositions soulignons cette évidence : ce sont les parents les premiers éducateurs de leur enfant. L’équipe du centre de loisirs doit se situer comme co-éducatrice, à leurs côtés donc, complémentaire. En ceci nous nous devons d’informer, de présenter, d’offrir nos pratiques à la confrontation des familles, d’entendre les choix qu’elles ont fait. En un mot d’ouvrir le centre aux familles.
Nous nous proposons, par cette mise à nu du séjour dans son état de projet (comme le prévoient d’ailleurs les textes officiels) puis pendant son déroulement, d’aider les familles à comprendre le centre, à le connaître, à lui faire confiance. Ainsi sécurisés, ils pourront préparer, accompagner leurs enfants, partager leurs vacances, leurs plaisirs et leurs apprentissages. Nous contribueront alors peut-être à nouer, à entretenir des relations positives entre parents et enfants, entre parents et animateurs, entre parents et organisateur.

Pour cela nous mettrons en place une rencontre avec l’enfant et sa famille avant le début du centre, rencontre de présentation réciproque. Puis chaque matin et chaque soir, nous rencontrerons les familles et tenterons de leur accorder quelques instants (dans la limite de l’itinéraire et des horaires à respecter).
En dehors de ces rencontres institutionnalisées nous nous tiendrons à disposition des familles, les incitant même à venir vivre des moments avec leurs enfants au centre, forme idéale, selon nous, pour une réelle communication et compréhension de chacun.
De plus, parce que toutes les familles ne pourront pas bénéficier de ce mode-là de relations, nous aurons soin de communiquer par écrit, au moins chaque semaine, des informations sur la vie du centre (menus, principales activités, anecdotes, comptines...).

Valérie Cibert, Véronique Drujon, Alain Vassort, Dossier des Cahiers de l’animation n°1 : Les centres de Loisirs.
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