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Je ne veux pas y aller

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L’accueil et le départ des enfants en CLSH ne sont pas anodins ; c’est le début ou la fin d’une journée de l’enfant, le passage de l’environnement familial à celui du centre de loisirs ou inversement. Ce sont également des moments privilégiés de contact entre les parents et l’équipe pédagogique. Pour ces diverses raisons, ils font souvent l’objet d’une attention particulière dans la préparation et la mise en place d’un CLSH.

Un premier jour de centre, une fillette refuse de lâcher son papa. Ce dernier, sans doute pressé, s’en va brusquement, laissant l’enfant. Cette dernière se met à pleurer et à crier à la porte pendant au moins une demi-heure. À chaque tentative d’approche d’un animateur, les cris de la fillette s’amplifient. Elle finit par faire pipi sur elle. Après quelques temps, une animatrice parvient enfin à sécuriser l’enfant.

La plupart du temps, Steven aime jouer seul dans son coin. Il fabrique et lance des comètes, joue dans « sa » cabane alors que le groupe joue dans la salle d’activités. Et puis Steven découvre une activité qui lui plaît beaucoup : tailler et sculpter le bois. Tous les soirs, alors que son papa vient le chercher, Steven use de diverses stratégies pour ne pas abandonner son activité favorite : il fait la sourde oreille, répète sans cesse : « J’en ai juste pour deux minutes », trouve justement très important de discuter avec un animateur, va se cacher, invite son père à tailler avec lui, se met à pleurer... Selon les jours, le papa de Steven l’emmènera de force, partagera un moment l’activité de son fils et finira par boire l’apéritif avec les animateurs, repartira pour revenir un peu plus tard.

Ces deux scènes très fréquentes dans les centres de loisirs nous montrent à quel point l’arrivée ou le départ au centre n’est pas une chose à prendre à la légère. Chaque équipe a pour volonté que l’enfant soit content d’arriver au centre de loisirs et qu’il en reparte satisfait de sa journée. La transition n’est pourtant pas si évidente pour certains enfants ou pour certains parents. Un maximum de choses doit donc être mis en place pour prendre en compte chaque individu. Certains enfants ont besoin d’être rassurés et d’autres pas, parfois ce sont les parents... C’est pourquoi il semble essentiel d’aborder l’accueil et le départ avec l’équipe pédagogique complète, que les aménagements soient réfléchis et mis en place.

La préparation de l’accueil et du départ
Pour l’équipe de direction, le moment d’accueil fait partie intégrante d’un travail d’équipe dans le projet pédagogique. Avec comme objectif sous-jacent de respecter les différents besoins de l’enfant (dormir, manger), de favoriser l’autonomie et de faire du centre un lieu de relations privilégiées, l’équipe de direction choisit généralement d’aborder l’accueil du point de vue de l’enfant (rythme, respect, adaptation, sécurisation), du point de vue spatio-temporel (lieu et aménagement, moments et durées) et du point de vue des rôles et attitudes des acteurs présents à l’accueil - relation à l’enfant, aux adultes. Elle peut également imposer des aspects organisationnels - une fourchette horaire qui permettra à chaque enfant d’arriver quand il le souhaite ou quand ses parents le désirent, un aménagement en coins ou pôles d’activités diverses proposés dès l’ouverture du centre.
Afin de prendre conscience de l’importance des moments d’accueil et de la nécessité de leur préparation, l’équipe d’animation peut travailler dans la réunion d’avant le centre à partir de quelques situations concrètes proposées par l’équipe de direction. Elle peut ensuite proposer des moyens pour établir une relation, la meilleure possible, avec les enfants et les parents, des idées d’aménagement.

Des aménagements essentiels
Parce que la plupart des équipes des centres de loisirs souhaitent adapter les horaires du centre à ceux des enfants et des parents, les moments d’arrivée et de départ peuvent s’étaler sur plusieurs heures - de 7h30 à 9h30 voire plus pour le matin et de 17 heures à 18 heures pour le soir. Certains centres n’hésitent d’ailleurs pas à autoriser les parents à venir plus tard dans la matinée lorsque le groupe n’a pas de sortie prévue. Ce choix d’horaires implique par conséquent une certaine organisation matérielle et humaine.

Le choix des coins (ou pôles) aménagés dans tout le centre permettent ainsi à chaque enfant de faire ce qu’il a envie et rentre petit à petit dans la vie du centre. Ainsi on peut voir en fonctionnement plus ou moins autonomes des coins de petites activités manuelles (avions, dessin, peinture, pâte à modeler, bricolo-débrouille), un coin dodo où les enfants pas très bien réveillés ou souhaitant prolonger leur nuit peuvent s’allonger, un coin lecture, un coin déguisement, des coins jeux à l’intérieur ou à l’extérieur, un coin jeu plutôt pour les petits - dînette. Tous les enfants peuvent aller d’un coin à l’autre (sans pour autant oublier la consigne de ranger après avoir joué !) jusqu’à ce que le temps d’accueil soit terminé, ou plus tard, tout dépend de la suite de la matinée.

Les animateurs répartis dans les différents coins sont ainsi disponibles pour les enfants nouvellement arrivés. De plus, ce fonctionnement permet également de prendre le temps de discuter avec les parents. La ou les personnes chargée(s) de l’accueil peuvent proposer un café, un thé, un jus d’orange aux parents qui ont un peu de temps. Le pointage des enfants peut être pris en charge par un animateur le matin et le soir. Les enfants peuvent également signaler eux-même leur arrivée grâce à de petits dessins ou objets fabriqués au début de la semaine, qu’ils viennent poser leur objet sur le socle ou mettre un punaise sur leur dessin - les objets sont nominatifs. Après l’accueil, le pointage est généralement effectué une seconde fois dans les groupes d’âge. Cette organisation de l’accueil du matin peut bien évidemment être proposée lors du départ des enfants afin de faciliter la transition entre le centre et le retour à la maison.

Des moments de communication à ne pas négliger
Tous les matins et tous les soirs, la maman d’Hugo assaille de questions la personne d’accueil et les animateurs du groupe : « Qu’allez-vous faire aujourd’hui . Qu’avez vous fait cet après-midi ? Avez-vous prévu une balade en dehors du centre . Hugo ira-t-il à la piscine aujourd’hui ? »
Il est 18 heures et il fait très beau. Les quelques enfants qui ne sont pas encore partis jouent dans la carcasse de voiture nouvellement arrivée sur le centre. Les animateurs - fatigués ? - sont étendus sur la butte d’herbe près de la carcasse. Deux parents arrivent et sont choqués de voir les animateurs dans l’herbe. Avant même de chercher à comprendre, ils entrent dans le bâtiment afin de rencontrer le directeur. Le lendemain, ils iront se plaindre « du manque d’encadrement » à la mairie, organisatrice du CLSH. Un soir, un papa devient violent dans ses actes et ses paroles parce qu’il ne comprend pas qu’on ait séparé son fils d’un copain pendant la journée. Un animateur prendra cependant le temps de lui expliquer les raisons de cette séparation en évitant de tomber dans le piège de la stigmatisation de cet enfant qui en effet pose certains problèmes.

Les parent s’interrogent légitimement sur le fonctionnement de la structure qui accueille leurs enfants. Et ce n’est pas facile de tout comprendre surtout lorsque leurs enfants rechignent bien souvent à relater le déroulement de leurs journées si ce n’est par bribes. S’ils n’ont que des indices extérieurs sans aucune explication, cela peu engendrer une confusion. Le rôle de la communication entre l’équipe pédagogique et les parents est également essentielle car elle facilite l’intégration de l’enfant au centre, la transition entre la maison et le centre. Il n’est pas toujours évident pour l’équipe de prendre le temps d’expliquer à chaque parent ce qu’a fait chacun. Ainsi, un animateur et/ou une personne de la direction à l’arrivée et au départ des enfants, ayant une connaissance des informations majeures, est en quelques sortes un médiateur. Les parents savent qu’il y aura quelqu’un pour répondre à leurs questions éventuelles.
Même si la communication individuelle est préférable, un panneau installé à l’entrée peut présenter brièvement les activités de chacun de ces groupes d’âges - activités, piscine, pique-niques.

Un réajustement quasi quotidien
Les enfants qui désireraient redormir un peu en arrivant le matin ne peuvent le faire. L’emplacement du coin dodo ne s’avère en effet pas des plus calmes. L’équipe décide donc après quelques jours d’un nouvel aménagement dans un lieu plus adéquat. Le lendemain matin, une petite visite est organisée pour informer les enfants du déplacement de ce coin.

À la fin de la journée, l’équipe constate que les coins sont en désordre alors que des règles précises ont été formulées et négociées avec les enfants pour chaque pôle de l’espace accueil. Lors de la réunion du soir, un réajustement est fait sur la formulation des règles à l’accueil, sur la possibilité de « contraindre » un enfant à ranger alors que sa maman arrive est est très pressée. C’est aussi l’occasion d’aborder la question très connue du laxisme de fin de journée pour les animateurs.

Au bout de quelques jours de centre, l’objectif de l’accueil concernant les relations avec les parents paraît difficilement réalisable. Les parents s’arrêtent à l’accueil et attendent que l’animateur soit allé chercher leur enfant. L’équipe opte par conséquent pour des coins de fin de journée dans les salles de chaque groupe. Ainsi, pour aller chercher leur enfant les parents doivent entrer dans le centre. La construction de relations semble s’améliorer. Certains parents jouent avec les enfants, d’autres s’arrêtent pour boire un jus d’orange et discuter avec les animateurs du groupe...

L’accueil est sans doute le moment qui suscite le plus de réajustements dans les centres de loisirs. Parce que les moments d’arrivée et de départ des enfants sont les seuls moments où les parents ont un contact avec la structure. Il faut par conséquent s’adapter petit à petit à certaines situations. Les animateurs doivent notamment être vigilants sur ce qui se passe à l’accueil et au départ. En voyant des enfants tourner en rond en attendant leurs parents, ils pourront peut-être s’interroger sur le choix des différents coins. Le regard de l’équipe de direction un peu plus extérieur est lui aussi un outil exploitable. Les remarques des parents, des visiteurs occasionnels (organisateurs) peuvent également permettre l’évolution des aménagement. Lors du bilan quotidien, les dysfonctionnements peuvent aussi être pointés et les améliorations proposées, parce que les parents, les enfants et l’équipe pédagogique souhaitent tous que les vacances au CLSH commencent et finissent bien.

Juliette Richetin, Jean-Sébastien Esnault, Les cahiers de l’animation Vacances Loisirs n°46 / ©ceméa, 2éme trimestre 2004, pages 10 à 13.

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